• Les angles morts du dossier de la 5G

    Nous avons abondamment amélioré ce dossier, en vue d'une diffusion internationale. Désormais c'est la dernière ligne droite, et ici pour rendre le document moins lourd  nous avons divisé en deux fichiers, inséparables cependant : l'analyse, avec des numéros de référence nombreux, et la bibliographie auxquels se rapportent ces numéros, bien plus riche que ne l'admettent les partisans du tout-numérique, et qui répond à toutes les questions.

    Nous allons rappeler ici l'analyse.  Le tout est réuni dans un dossier compressé :

    https://ti1ca.com/xoak5gui-5G-les-4-angles-morts-5G-les-4-angles-morts.zip.html

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    Dossier 5G :

    Les 4 angles morts du débat sur la 5G (*)

    S’agissant de démocratie et de transparence, il faut délimiter les eaux bien troubles entre information argumentée et le plus largement éclairée versus propagande industrielle. Celle-ci est basée sur le déni ou l’occultation de certaines informations et problématiques non dénuée de conflits d’intérêts à courte vue. Nous savons très bien comment fonctionne la 5G (la vraie puisqu’on nous propose de la 4G++ en un premier temps ou carrément de la fausse 5G) (1). Nous connaissons par cœur la propagande des opérateurs. Et justement, cette propagande est argumentativement bien légère, a bien des failles, ne prend pas en compte tout une série d’impacts, toute la chaîne des tenants et aboutissants, de l’extraction minière jusqu’au rebut après recyclage puisque tout ne pourra être recyclé, loin de là, pour ne parler que de ce seul et bien sale problème (2).

    Il apparaît clairement que la “connaissance technoscientiste ” du monde numérique a tout intérêt à saucissonner les problèmatiques essentielles. Elle ne veut retenir que quelques aspects d’un tout, en omettant systématiquement des causalités bien réelles, très matérielles, et des conséquences diverses qui pourraient être dommageables, à forte probabilité. Bien plus que prendre parti “pour” ou “contre”, il s’agit de tout mettre sur la table de la discussion quant aux réels enjeux, avantages et risques potentiels qu’une “innovation technologique” peut susciter. Il serait très difficile de revenir en arrière si dégâts il y avait – nous le savons déjà – dans des sociétés et une civilisation mondiale déjà bien malades et dangereusement conflictuelles, sur une planète tout aussi malade de nos excès. C’est donc, plus que jamais, le moment de faire le point en toute conscience sur les enjeux gravissimes .

    Nous voyons au moins 4 angles morts chez nos promoteurs de “l’innovation électronumérique” à très forte demande d’énergie dont la 5G est un marqueur et accélérateur :

    sur la santé étendue à tout le Vivant, objet de controverse scientifique. Nous retrouvons exactement le même schème historique que pour l’amiante, le tabac, les pesticides, les néoniticotinoïdes, les perturbateurs endocriniens, les particules fines…(3) Sur la question des ondes, ne sommes-nous pas entrés dans l'ère du "négationnisme" sanitaire institué à coups répétés de "non prouvé" faisant fi des principes de prévention et de précaution ? Le déni sur cette question est et restera, sans aucun doute, officiellement ancré au vu des intérêts colossaux en jeu. Alors, toutes et tous seront davantage sujets à l’exposome, et pour longtemps (4).

    Le problème avec la 5G (Thierry Breton, du plus haut de l’Europe, nous annonce déjà la 6G…) est que non seulement on va accumuler les fréquences dans notre environnement, mais que l’on va être obligé de monter en puissance d’émission, il ne peut en aller autrement. Quant au problème des ondes millimétriques, il n’y a pas tant d’inconnu que cela (5). Savoir que les assureurs ont déjà intégré le fait que de réels problèmes de santé sont désormais à envisager et que cela va finir un jour ou l’autre par basculer dans l’opinion publique comme pour les exemples cités ci-dessus – c’est ce qu’ils ont compris et anticipé (6) ; que la demande civile de transparence et la mise en question d’organismes à fort conflit d’intérêts telle l’ICNIRP (et l’OMS) a commencé (7) ; que la Résolution 1815 de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe demandant à baisser le niveau d’exposition aux ondes en 2011 n’a pas été suivie d’effets et que cela finira un jour ou l’autre par se savoir ; que le problème des électrohypersensibles (EHS), dont le nombre est en augmentation en France et dans le monde, relève d’un grave déni que l’on ne pourra pas continuer à maintenir, alors qu’au nom de l’égalité des territoires et de la « modernité », on vise à supprimer les“ zones blanches” (8) ; que le Lancet (9) relayant des méta-études sur le sujet a montré que les études indépendantes des lobbys montrant la nocivité des ondes artificielles pulsées sur le Vivant – car c’est très exactement de cela qu’il s’agit – sont de plus en plus nombreuses et majoritaires. Sans parler des DAS des mobiles truqués – problème soulevé aujourd’hui en France et aux États-Unis, pour commencer (10).

    Nos cités, tout particulièrement, ne peuvent plus continuer à ressembler davantage à de vastes camps de transmission militaire avec des centaines d’antennes partout au milieu de la population. Les multiples fréquences des ondes artificielles pulsées, avec ses milliers de capteurs et terminaux, comme autant d'émetteurs-récepteurs relais, sont un réel problème de santé publique qui ne peut que dangereusement s’aggraver.

    sur une société de surveillance accrue inévitable, sujet de moins en moins controversé (11). Le tout-électronumérique, véritable sidération magique de notre époque, nous parle de “dématérialisation” et de “nuages" quasi-mystiques (12) quoique bien gris (voire rougeoyants, cf. plus bas). Mais, étendu partout, avec sa myriade de capteurs hyperconnectés, dans nos rues, le long de nos routes, et jusqu’au cœur de nos foyers – d’état d’urgence en état d’urgence, de mesures d’exception en mesures d’exception – comment ne pas avoir conscience que, au moment même où nous sommes plus que jamais tracés à notre insu, les libertés les plus fondamentales reculent à vitesse grand V dans des États qui se disent démocratiques et libéraux et n’ont de cesse de donner des leçons à ceux qui le sont moins (13).

    « Vous n’avez rien à cacher » (14). Si – notre vie la plus intime ; nous n’avons rien à vous montrer et revendiquons le droit à la déconnexion. La “naturalisation” du développement numérique tentaculaire et d’un énergivore Big Data/Moloch de données, généralement non consenties, considéré comme une évidence de fait, est un réel problème (15). Les citoyens n’ont aucunement demandé ces “innovations” numériques “progressistes” envahissantes, à grands coups de captation de données les plus personnelles (16) (et le plus grave à venir : passeport biométrique, caméras à reconnaissance faciale – l'idéologie sécuritaire ambiante et galopante rognant nos libertés fondamentales). Tout leur est imposé par une technocratie éloignée de leur existence quotidienne depuis son Olympe hautain hanté de doctes experts au nombre très réduit, en sachant bien davantage que tout le reste de la populace forcément ignorante (17). Quant à la sphère politique qui les tient pour des oracles, elle est de plus en plus sous la coupe des lobbys industriels et financiers, qui a assujetti massivement nos médias, et a perdu la “confiance” des citoyens alors qu’elle la réclame pourtant à grands coups de slogans à tous les niveaux, de l’Europe aux municipalités en passant par l’école (18). Tous surveillés et suspects, numériquement contrôlés et infantilisés pour notre bien, notre sécurité, notre confort individuel, notre santé, notre mobilité, un meilleur apprentissage de nos enfants, notre pain et nos jeux (19) ? Cela ressemble de plus en plus à un "bonheur insoutenable" ou un "cauchemar climatisé" (20) le plus numériquement programmé.

    De nombreux citoyens de Californie, dont nous provient tout le monde du numérique avec un quart de siècle d’avance, sont en train de réagir fortement. Refus à San Francisco des caméras à reconnaissance faciale, refus accru des capteurs communicants, demande d’une école sans écrans et d’abandon de la privatisation de l’électricité, un bien commun, à une forte majorité. Pas de doute : nous sommes bien «en retard » (21) en France et en Europe. Mais il faudrait que “la start-up nation” et l’Europe (avec M. Breton à sa tête = “pantouflage” privé – public – privé : Orange – Banque Rothschild – Atos) (22) ne s’alignent pas, pour rattraper leur « retard », sur le modèle chinois de contrôle social. Ne serait-ce pas là une bonne question ? (À noter que, heureusement, des ingénieurs, des designers, commencent, ici et là, à prendre conscience du problème et commencent à sortir de leur “boîte numérique” ) .

    sur la nécessité pour une couverture globale, planétaire, de milliers de satellites en basse orbite au grand dam des sciences de l’espace avec des conséquences sur le climat et le Vivant. On nous objecte : rien à voir avec la 5G, en tant que telle, dans nos villes aujourd’hui. Peut-être, mais c’est déjà en cours pour les Américains et les Chinois en complément des zones non couvertes par la 5G. Et pour nous, demain, c’est-à-dire très vite, possiblement en appoint de saturations terrestres. Quant à la 6G, déjà envisagée comme une suite logique et immédiate à la 5G (23), savoir que MM. Charles Michel et Thierry Breton réclament l’envoi de satellites européens car nous sommes encore « en retard » sur les autres (les Chinois ont déjà commencé). Il s’agira de couvrir TOUS les territoires, forêts et océans, pour la sacro-sainte vélocité de la téléphonie mobile et de pallier l’engorgement prévisible des multiples tuyaux terrestres dans nos mégalopoles. Sur ce point, il ne peut y avoir controverse : connaissance scientifique (astronomes, astrophysiciens, météorologues) (24) versus technoscientisme (relevant d’un aveuglement fonctionnel, positiviste, déterministe, systémique, d’un savoir-faire qui ne se préoccupe nullement des conséquences induites – business and effects of new technologies as usual).

    sur la matérialité du numérique : extractivisme minier hyper-polluant dans des conditions insoutena-bles, humainement, matériellement, politiquement et moralement, loin de nos yeux rivés sur nos écrans, cause de guerres déjà, notamment en Afrique (25) ; épuisement de terres rares nécessaires au numérique high tech dont 4 ou 5 essentielles viendraient à manquer assez vite (26), tout ceci sous la coupe de la Chine qui les transforme à près de 90 %. Nos politiques ont-ils vraiment conscience de ce danger géopolitique ? Apparemment non, ce qui est plus qu’inquiétant.

    Il est à noter que le livre de Guillaume Pitron : La guerre des métaux rares, la face cachée de la transition énergétique et numérique a été préfacé par Hubert Védrine, diplomate et ancien Ministre des affaires étrangères (27).

    Mais peut-être que Elon Musk (28), l’homme le plus riche de la planète qui vassalise la NASA, et donc l’État américain, encore première puissance mondiale, trouvera-t-il sur Mars les minerais qui viendront à nous manquer pour notre pollution numérique. Ainsi la colonisation de l’espace remplacera-t-elle ironiquement celle du XVIII°, berceau de notre idée du “progrès”. Et comme les ressources de notre planète sont “finies”, on le sait et l’entend très hypocritement répéter, que les ressources de l’électro-numérique auront usé notre planète jusqu’à la corde de la biodiversité, peut-être trouveront-ils ailleurs dans l’espace un monde “illimité” à la hauteur de leur démesure (mais là-bas, ce ne sera pas terrible pour la biodiversité). Nos anciens Grecs appelaient ça l’hubris. L’hubris pour une idéologie du “progrès”, sans plus de conscience – y compris “scientifique” – multipliant les “innovations disruptives” accélérées, les unes après les autres, mue par un déterminisme mortifère, abusant d’une technologie aux pouvoirs magiques au cœur même d'une alarmante sidération générale.

    Il n’y a pas que les fréquences, les antennes, les terminaux et objets connectés qu’on empile et accumule massivement pour des changements continus sur fond d’obsolescence programmée, mais aussi l’ancien extractivisme fossile (pétrole, gaz, charbon) auquel s’ajoute le nouveau (métaux et terres rares), tout aussi fossile. Nous n’avons jamais autant retiré de ressources de la terre qu’en 2019 jusque vers l’épuisement (26, 27). Est-ce raisonnable ? Bien sûr que non.

    La 5G, avec son monde de milliers d’objets connectés, de Big data glouton, de voitures autonomes,
    ne va pas dans le sens de la sobriété et du tri sélectif électronumériques, voire de dénumérisation sectorielle à envisager très sérieusement (dégraisser, décélérer ?), auxquels nous sommes désormais obligés avec l’urgence climatique : « Le déploiement de la 5G est à remettre dans le contexte d’une croissance exponentielle des usages numériques dont les effets sur le climat sont maintenant notoires. Alors que l’urgence commande de limiter drastiquement nos usages numériques, la 5G nous éloigne à toute vitesse de cet objectif. » (29)

    Les politiques trouveront-ils un peu de lucidité quant à cette mutation ? Ne serions-nous pas passés de l’euphorie des années numériques qui ont pu apporter de l’accès à l’information et à la culture, de réels avantages et commodités, voire de réelles libertés, à l’addiction accélérée et inconsciente de ces dernières années vers un très possible asservissement généralisé ? (30) En plus d’une aberration écologique, énergétique, d’une fragilité de nos systèmes hyperconnectés, d’une fumeuse promesse de création d’emplois par milliers compensant ceux massivement et très visiblement détruits que l'on observe partout autour de soi, ainsi qu’un risque sanitaire que l’on ne pourra nier ou minimiser trop longtemps ?

    Entre les impératifs de la COP 21 et la 5G et le monde qu’elle annonce, déjà bien préparé, il faudra donc choisir et rester cohérent (31) avec la plus grande conscience, honnêteté et indépendance de jugement dans la décision politique.

    On peut alors comprendre la stratégie de ne pas vouloir tout mettre sur la table et de restreindre ainsi les enjeux du débat.

    N’en déplaise aux prometteurs du “tout-numérique” et du “solutionnisme technologique” (32), à nos startuppers et gens du numérique français et européens, toujours “en retard ” par rapport aux Américains et aux Chinois quant à “l’innovation” – qui prétendent régler nos problèmes sociétaux, énergétiques et environnementaux par le génie de leur “écosystème” (33) – les points concernant les ressources, l’extractivisme minier épouvantable (pire que dans les mines de Zola), ainsi que l’irresponsable massacre de l’espace en cours, sont IRRÉFUTABLES. On ne peut continuer à nier ainsi les faits, le réel, en une fuite en avant coupée de toute raison et vision globale des enjeux au nom d’une idée du « progrès » en crise profonde et perte de sens civilisationnel complet. Ils s’arrangeront pour aménager à la marge des solutions numériques (on nous parle de “puces low tech” et de “contrôle des usages” dans un système réticulaire et maximisé qui pousse à toutes les addictions…). Ils sauront orienter le problème d’un débat citoyen nécessaire sous des angles limités selon les intérêts à court terme de chacun : tel secteur de l’économie facilité par le tout-numérique, la vélocité des échanges de données, la “fracture numérique”, l’aménagement numérique total des services encore publics sous prétexte d’égalité ou non des territoires… Cela est déjà complexe, vu la technologie expérimentale, mais très restrictif car sans recul dans la réflexion face à la gravité d’autres enjeux sur lesquels on ne veut surtout pas réfléchir.

    Or il en va du sort d’une civilisation à l’échelle mondiale comme de celui de Gaïa, notre Terre commune à tout le Vivant. Et il faut donc, de toute urgence, que chacun fasse tomber les œillères de ses intérêts particuliers pour le bien commun, global, universel, à commencer par notre pays et nos territoires.

    D’ailleurs, un réseau si sophistiqué, réticulaire universel, risque de pousser à la concentration urbaine et à la métropolisation (34). Est-ce un “progrès” pour l’équilibre de nos territoires, l’intérêt et l’autonomie du local ? Nous sommes en droit d’en douter, à moins de nous résigner à survivre dans des mégalopoles davantage inégalitaires, les plus inhumaines, et dans l’artificialité la plus complète.

    Plus que jamais, il faut impérativement envisager des solutions low tech sous peine d'incohérence complète. Plus que jamais les décisions technologiques doivent être soumises à des collèges citoyens. Il en va de la restauration du politique, aujourd'hui en courte vue et très inquiétante déliquescence, et dont le caractère de jour en jour autoritaire s'appuie sur les nouvelles technologies numériques.

    Entre le gavage sans fin de l'Ogre à data énergivore et la sobriété écologique, il faut choisir très vite. Du Big data/Big Brother, il faut passer au Thin data localisé et citoyennement contrôlé. Quand finira-t-on par dresser un bilan lucide des 20 à 30 dernières années de notre fameuse "révolution numérique" avec ses réelles avancées, mais aussi sa part d'ombre au spectre de plus en plus large. Et ce, notamment du côté de la téléphonie mobile comme de l'envahissement d'écrans rendus quasi-obligatoires dont il faudra, au moins, de toute urgence, préserver nos enfants au cours de leur éducation et formation (25).

    La société high tech hyperconnectée avec ses machines affolées est antagoniste de la lutte contre le réchauffement climatique et va à rebours des enjeux de l'Histoire.

    Enfin, une technologie, quelle qu’elle soit, à fort impact social et environnemental, n’est « ni positive, ni négative, ni neutre ». Le 3ème terme étant systématiquement dénié ou occulté malgré ce que nous disent épistémologues des sciences et historiens des techniques (35). Il s’agit donc de débattre véritablement sur le fond d’enjeux complexes en n’essayant pas de se dédouaner par l’astuce désormais usée d’une pseudo-“démocratie participative” ou d’une “co-construction” manipulée qui ne peut plus leurrer les citoyens éclairés et informés.

     

    Association Résistance 5G – Nantes

     

    (*) Il en existe un cinquième : la promesse mirobolante de créations d’emplois alors que tout le monde peut constater autour de soi que partout où la numérisation/robotisation passe, l’emploi trépasse, y compris dans les services encore publics. Une énorme et grossière ficelle de nos multiples lobbys qui nécessiterait une investigation particulière car – sur le fond du problème – ni nos politiques, complices ou dépassés (du passé ?), ni nos médias, y compris dits "indépendants", à forte tendance technophile, voire technolâtre, ne font l’effort de s’y intéresser vraiment.


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